Faut-il baptiser les enfants ?
- Non ! clament certains adolescents. Nous n’étions pas en état de choisir, reprochent-ils à leurs parents. Vous nous avez imposé une orientation.
- Voire ! rétorque le bon sens. On ne choisit pas plus de parler français…
ce qui n’empêche pas de s’installer, plus tard, dans un pays anglophone.
En fait, la pratique de l’Église a varié. Jusqu’au 6e siècle, étaient privilégiés les baptêmes d’adultes. De grands saints comme Jean Chrysostome ou Augustin nés de mère chrétienne, ne furent pas baptisés petits.
Toutefois, selon les Actes des Apôtres, Pierre fit baptiser le centurion Corneille et toute sa maison (10/2), Paul baptisa Lydie et sa famille (16/15), son geôlier et les siens (16/33). On peut penser que des enfants furent du nombre.
C’est à partir du 12e siècle que fut généralisé le baptême des nouveau-nés. Par crainte de leur voir fermer la porte du paradis.
Actuellement, cette crainte a disparu. Pourtant, des parents continuent à faire baptiser leur enfant. Car ils désirent pour lui cette “reconnaissance de paternité”, cette adoption divine, qui est pour le baptisé une grâce, c’est-à-dire une force donnée par Dieu pour réussir sa vie.
Viendra le temps où le jeune à son tour devra s’engager. Librement, et non en fonction des idées à la mode. Pour cela, il sera bien sûr nécessaire de le mettre “en présence” de ce Père qui l’a adopté. C’est-à-dire de l’éveiller à la foi.
Et les non baptisés ?
– Qu’advient-il des enfants de parents chrétiens, qui sont morts sans baptême ?
— L’Église les confie à la miséricorde de Dieu, si large qu’elle déborde tous les rites humains. Une liturgie spéciale est prévue pour eux.
– Et les catéchumènes morts avant leur baptême ?
— L’Église estime qu’ils ont reçu le “baptême du désir”. Et qu’ils sont donc chrétiens. Cela est évident lorsqu’ils acceptent de mourir pour leur foi. On dit alors que ces martyrs ont reçu le “baptême du sang”.
– Les croyants d’autres religions sont-ils appelés à ressusciter ?
— Autrefois, on croyait que seuls les baptisés fidèles pouvaient être sauvés. Aujourd’hui, on pense plutôt que nous serons jugés sur l’amour du prochain (voir Matthieu 25/34-40). Dieu-Père ne peut vouloir le malheur de ceux qui sont loin du Christ.
– Si on peut aller au ciel sans baptême, à quoi sert-il ?
— À quoi sert de se savoir aimé de son Père ? À quoi sert de savoir où va notre existence ? Le baptême est source d’amour, donc de joie. Et la grâce d’une vie avec Dieu nous est donnée.
Un baptisé qui devient musulman ou athée reste-t-il un chrétien ?
— Du côté de Dieu, le baptisé reste un fils adoptif et cette grâce est indélébile. Du côté humain, si le baptisé ne croit pas à son adoption ou s’il la refuse, il cesse de se déclarer chrétien.
Baptisés dans l’eau
C’est dans l’eau du Jourdain que Jésus demanda d’être plongé par Jean-Baptiste. Et c’est après ce baptême que le Père se manifeste “Tu es mon Fils… »
Dans les premiers siècles de l’Église, les baptêmes se célébraient solennellement la nuit de Pâques, dans le baptistère (bâtiment composé d’une traie entourée d’une galerie ronde, voir Aix, Riez, Poitiers…) Les catéchumènes descendaient les marches de la piscine, où ils étaient immergés trois fois “au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit”.
Richesse symbolique de l’eau ! Elle est source de vie (c’est tellement vrai dans le désert !) et de bien-être (oh ! se reposer de la chaleur du jour auprès d’un frais ruisseau… ) Elle désaltère l’être de désir (malade enfiévré ou moissonneur en plein effort… ) Elle lave, nettoie, assouplit, purifie, dissolvant boue et noirceur…
En même temps, l’eau est redoutable en ses profondeurs (où habitent les monstres, symboles du mal), en ses tempêtes, en ses inondations. Traverser l’eau, c’est traverser la mort et le péché, pour en ressortir victorieux. À la suite du Christ qui fut plongé dans la mort et ressurgit vivant.
Le baptême par l’eau est pour le croyant synonyme de naissance, d’entrée dans un monde nouveau où toute soif est comblée, où “de mort il n’y en a plus”. La résurrection est l’avenir du baptisé.
Ancré dans cette espérance, celui-ci peut connaître la liberté de la source qui dévale la pente et se fraie un chemin vers l’océan. Vers l’infini…
Marqués par le Saint Chrême
Lors du baptême, juste après le rite de l’eau, le prêtre trempe son pouce dans le Saint Chrême et trace une croix sur le front du nouveau baptisé.
Le Saint Chrême est un mélange d’huile d’olive et de baume (résine parfumée). L’huile et le parfum sont riches de symboles.
Dans la Bible, l’huile ne sert pas seulement à faire des galettes ! Jacob en versa sur une pierre pour marquer le lieu saint de son “combat avec l’ange” (Genèse 28/18). Le prophète Samuel en répandit une fiole sur Saül et sur David pour les sacrer rois (l° Livre de Samuel 10/1 et 16/13). Au Moyen-Orient, l’huile servait aussi à guérir les plaies. Et, chez les athlètes grecs, à fortifier et assouplir les muscles, à adoucir les douleurs liées à l’effort…
Parce que l’huile a la propriété de pénétrer à travers la peau, l’Église (catholique et orthodoxe) en a fait le symbole de l’Esprit-Saint, dont la présence et la grâce imprègnent le chrétien. Quant au parfum, il symbolise le témoignage : l’entourage devrait agréablement “sentir” cette présence divine, à travers les paroles et les comportements du chrétien.
Ainsi, l’onction de Saint Chrême faite sur le nouveau baptisé indique que l’Esprit-Saint, désormais, l’habite. Ce qui lui donne une triple dignité : celle du roi (de la création), du prophète (témoin de Dieu), du prêtre (qui offre la création à Dieu et lui en rend grâce).
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