On a déjà beaucoup écrit sur ce nouvel ouvrage du Père Zanotti-Sorkine, paru en janvier 2014, aux éditions Robert Laffont sous le beau titre : « Le Passeur de Dieu ». Les critiques sont très favorables et s’accordent pour éviter, dans leurs colonnes, les questions qui fâchent, les réticences qui en diminueraient la portée. Du genre : « Est-ce aux prêtres d’écrire un roman ? Pourquoi ? N’ont-ils pas autre chose à faire dans l’Église que d’écrire ou de chanter (cf. “Les Prêtres” ) ce que d’autres font très bien ? Pas un mot non plus sur le style du livre, sur cette familiarité un peu recherchée, un peu désuète avec le passé antérieur ou l’imparfait du subjonctif… que l’on eût appréciée hier à sa juste valeur.
Après tout, Dieu peut bien passer à travers toutes les formes grammaticales. Ce qui a été, à juste titre, retenu et reconnu, c’est le souffle puissant et rapide qui traverse l’ensemble des dialogues du livre ; une flamme qui éclaire et avive questions, passions, sentiments, découvertes, sans les brûler, mais en les gravant plutôt au cœur même des êtres. Xavier, le jeune journaliste, « passeur d’idées » mais désemparé devant les difficultés de la vie ; le « club » des ermites, une association un peu particulière dont la sagesse tendre mais austère fait penser aux sentences des Pères du désert. Aussi affirmatifs dans leurs convictions humaines et spirituelles, moins énigmatiques sans doute.
Sans rien trahir du contenu d’un livre à méditer, on peut ici, je crois, admettre que le personnage central, d’abord absent, puis dévoilé en ses multiples facettes est l’Amour lui-même, malgré ses contrefaçons, annoncées ou dénoncées par les plus belles pages de l’Évangile. Nous en saisissons toute l’ampleur grâce à l’écho des paroles d’écrivains, souvent poètes, que l’auteur aime à évoquer.
Il serait tentant de recueillir au fil des chapitres un passage particulièrement incisif, une citation parmi d’autres que l’on aimerait retenir. Pour ma part, ce qui m’a touchée dans « Le Passeur de Dieu », c’est l’intention décidée, exprimée de multiples manières, qui anime le « Curé de la Canebière », sa logique d’artiste-prêtre. Il chante sur un CD inclassable “Une idée folle” : le projet qu’il a de rencontrer indistinctement ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas. Les uns se pressent pour écouter ses homélies sous la voûte désormais illuminée de l’église Saint-Vincent-de-Paul. Pour les autres il peut déposer en librairie, ou en kiosque numérique, à tous vents, une écriture plus vaste que la parole. Ce roman ? Non pas un réservoir de vérités toutes faites à reconnaître, mais des mots authentiques, aussi libres que les semences d’Évangile jetées à la volée !
Annick Rousseau
Merci pour ce coup d’œil quî donne envie de se plonger dans ce livre. Le Père zanoti-Sorkine semble avoir tous les talents ou devrait-on dire, les “dons”.
Voilà une belle idée de saine occupation sur les plages cet été.
bonjour,
Merci madame pour votre bel article.
Je suis d’accord avec tout ce que vous dites. Ce livre m’a profondément marqué et je suis heureuse de le prêter à d’autres.
Mon mari n’a pas bien accroché mais pour le lire entièrement il faut avoir été dans les monastères et là c’est vrai quelque chose se passe ade notre âme et tout peut basculer pour notre créateur.
Longue vie à ce livre et au prédicateur que nous connaissons et aimons.
Le père Michel Marie Zanotti ne cesse pas de me surprendre.
Si son dernier livre ‘Au diable la tiédeur’ a hérissé un bon nombre de personnes par ses interpellations, ‘Le passeur de Dieu’ en est l’opposé, si la plume est toujours aussi belle, le ton est autre, différent, néanmoins sa lecture me laisse perplexe, quelque chose me gêne, mais quoi ?
Je trouve les personnages trop ‘beaux’ : le désespéré ne l’est pas, les ermites sont parfaits et la tante exemplaire, l’ermitage rustique et l’unique repas journalier sont acceptés comme un ‘5 étoiles’. Peu à peu, je comprends que, polluée par l’air ambiant de la société, des médias, je ne peux plus entrer dans un monde, même imaginaire de douceur et de charité où Dieu est proclamé et accueilli comme le Père, le Sauveur, qu’ignoré jusque là l’Evangile devienne attirance, que l’Eglise -ici le monastère- soit sans reproche.
Pour entrer dans ce livre, il me faut retrouver un regard innocent, un regard d’enfant qui s’émerveille. Le monde du Passeur de Dieu est un monde suivant la Parole : ‘Voici que je fais un monde nouveau’.(Ap, 21,5)
Le Passeur de Dieu est une catéchèse, le père Michel-Marie ne parle, ne révèle toujours que l’Amour de Dieu.
Françoise Goessaert
Je n’avais plus de livre sur ma table de chevet, grâce à ce coup d’oeil je vais pouvoir me plonger dans ce nouveau style de roman-témoignage.
Merci !
Je viens de terminer ma lecture de ce livre, et suis entièrement d’accord avec vous : un roman est avant tout oeuvre d’imagination et de fantaisie, alors qu’il s’agit là d’un récit de conversion, d’un témoignage vécu, dont l’authenticité convaincra quiconque est passé par un chemin semblable. Il y a certes des éléments de fiction, et une écriture foncièrement poétique, mais la belle figure du Père Stanislas rayonne de l’autorité, du prophétisme et de l’humour qui ne se rencontrent, dans cet état de parfait équilibre, que chez les véritables pères spirituels, encore présents dans notre monde. Quant aux “signes” qui sont donnés à Xavier, coeur inquiet en quête de bonheur, ils ne surprendront pas ceux qui ont fait un jour le pari d’une semaine de retraite, et ont perçu comme lui, voilée sous ces petits miracles quotidiens, la présence prévenante de Celui qui les attendait. Bref, roman historique si l’on veut, mais au sens de l’ “Histoire d’une âme” !