Dès les premiers siècles, les chrétiens ont pensé la fin de la vie de Marie différemment de la nôtre. Mère du Verbe incarné, c’est à dire de Dieu lui-même, elle ne pouvait pas subir la corruption en son corps. Ce thème récurrent est toutefois traité avec des nuances importantes mais non incompatibles selon la théologie Catholique ou Orthodoxe. Dans les deux cas, la difficulté se présente multiforme : d’abord les épisodes de la vie de Marie après l’Ascension du Christ ne figurent pas dans les Évangiles. Ensuite, il faut reconstituer pour le dire vite la vie du Ciel et l’agir des Saints. Par exemple, on coupera en plusieurs temps de notre monde, trois épisodes qui se sont nécessairement déroulés en une trajectoire unique reliant le temps et l’éternité.
La DORMITION DE LA VIERGE est caractéristique des icônes orthodoxes même si ce terme apparaît aussi dans la théologie catholique : Il désigne le sommeil paisible de Marie comme en attente d’être enlevée à la terre. Traditionnellement, le Christ en gloire, mais proche de sa mère, tient un enfant très petit, tout de blanc vêtu qui représente l’âme de sa mère. Il la recueille et souvent la présente au Père céleste. Le corps de la Vierge est conservé dans un lieu sacré. Il y a séparation de l’âme et du corps, c’est ainsi que l’on célèbre cette absence provisoire de la Vierge Marie entourée d’apôtres et de saints.
L’ASSOMPTION DE MARIE
Dans le culte catholique elle est marquée du sceau d’une iconographie prégnante, elle nous parle certes sans difficulté. Mais de quoi au juste ? Sauf exception l’on voit Marie, une belle jeune fille s’envoler avec son corps et son âme, transperçant les nuées qui enveloppent le divin, voire le signifient. Elle vole dans un ciel peuplé ou non, d’anges. En fait son “enlèvement” du monde des hommes est la réplique de l’Ascension du Christ, même si l’étymologie de ces termes proches ne signifient pas la même réalité. Reste que les difficultés de comprendre les mouvements du divin nous écartèlent. Marie serait quelque part dans notre ciel maintenant trop connu ? Elle se cache à nos yeux mais peut nous apparaître dans son corps resplendissant et marcher avec nous sur tous nos chemins. Peut-on dire d’elle, alors, qu’elle est ressuscitée ? Une telle affirmation présupposerait sa mort… que justement le temps de la dormition exclut.
LE COURONNEMENT DE MARIE (FRA ANGELICO : un synoptique des mystères)
La vierge Marie n’est pas enlevée au monde pour rester isolée dans on ne sait quelle gloire, dans on ne sait quel coin retiré du monde des vivants. La suite liturgique de ce passage au divin par la dormition et l’assomption est, au contraire la reconnaissance d’une royauté d’une humble magnificence que l’on a peine à imaginer. Dans notre tradition, Marie, Éve nouvelle, est comme aspirée par “un baiser du Père” qui la place en son cœur, et l’accueille comme la beauté d’une créature attendue de toute Éternité. Parfois des anges la couronnent, non d’une auréole, mais d’une couronne dorée, celle des Reines. Marie reine des puissances célestes mais aussi de la paix et de toute affaire terrestre. Le Christ souvent honore sa Mère d’un même geste. Le mystère en toutes ses dimensions se déploie dans le tableau inspiré D.Enguerrand Carton, en lequel la Vierge est par sa position : fille du Père, Mère du Christ, Épouse de l’Esprit Saint. L’humble servante du Seigneur ne siège sur le trône de gloire que pour réunir définitivement la sphère céleste et le monde déjà sauvé par l’incarnation. (A.R)
Sur le site du diocèse d’Aix et Arles : 15 août : Assomption de Marie