Chers amis, frères et sœurs, notre Église est attaquée. Elle est attaquée, et les récentes attaques contre le Saint Père nous font mal, comme elles nous ont fait mal l’an dernier à la même époque. Comme si le diable se déchaînait…
Homélie de Mgr Christophe DUFOUR
Messe chrismale à la cathédrale d’Aix en Provence
Lundi 29 mars 2010
Chers amis, frères et sœurs, notre Église est attaquée. Elle est attaquée, et les récentes attaques contre le Saint Père nous font mal, comme elles nous ont fait mal l’an dernier à la même époque. Comme si le diable se déchaînait…
L’Église est attaquée parce qu’elle est humaine. Il y a du péché dans l’Église, et ce péché nous fait honte. Mais elle est attaquée aussi parce qu’elle est sainte, parce qu’elle est l’œuvre de Dieu, parce qu’elle est l’Épouse bien-aimée du Christ Jésus, parce que, comme le Christ, elle a reçu l’onction de l’Esprit.
Humaine et pécheresse, l’Église est appelée sans cesse à la conversion, à la purification de son péché. Divine, elle peut marcher avec confiance et dans l’espérance, dans les pas de son Seigneur, le Christ Jésus.
Nous allons ce soir bénir et consacrer les huiles de l’onction. Bénir l’huile pour l’onction des malades, par laquelle l’Église, au nom du Christ, offrira à nos frères et sœurs malades la force et la tendresse de Dieu. Bénir l’huile des catéchumènes, par laquelle l’Église offrira à ceux qui se préparent à devenir chrétiens la force dans le combat contre les forces du mal, l’épreuve et la tentation. Et puis – oserais-je dire « surtout » – consacrer le saint chrême du baptême, de la confirmation et de l’ordination. Le baptême et la confirmation qui feront d’un homme, d’une femme, d’un garçon, d’une fille, un enfant de Dieu choisi, consacré, offert au Seigneur. C’est de cette onction que parle l’Écriture lorsqu’elle dit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’Esprit ».
Pour celui qui est baptisé, pour celui qui est confirmé, pour celui qui est ordonné prêtre, que signifie l’onction, que signifie être consacré ? Cette année du sacerdoce nous invite à méditer l’onction qui nous consacre à Dieu et fait descendre sur nous l’Esprit Saint.
Lorsque je vois des jeunes ou des adultes s’avancer pour recevoir l’onction du saint chrême, qu’est-ce que je vois ? Je vois des êtres libres. Ils ont dit « me voici » à l’appel de leur nom. Ils ont dit « Oui je crois ». « Je crois, je mets ma confiance dans le Dieu d’amour manifesté en Jésus-Christ. Je crois en l’Esprit qui nous fait naître de Dieu et devenir enfants de Dieu ». Ils ont dit « Oui, je crois », et ils s’avancent pour recevoir l’onction d’huile sainte ; en tendant le front ils s’offrent tout entiers à Dieu dans le Christ, c’est tout leur être qu’ils offrent, ils s’offrent pour être consacrés par l’Esprit Saint. Ils sont pour toujours reliés à Dieu. « Par l’onction de l’Esprit Saint, dit le concile Vatican II, les baptisés sont consacrés pour être une maison spirituelle et un sacerdoce saint ». « Que tous les disciples du Christ s’offrent donc eux-mêmes comme une hostie vivante, sainte et agréable à Dieu » (LG 10).
Je verrai aussi s’avancer devant moi ceux qui auront été appelés pour être ordonnés prêtres. Je salue les séminaristes de notre diocèse. Cette année, j’aurai la joie d’ordonner deux prêtres : Benoît le 19 juin à l’église du Saint Esprit, pour la Compagnie de Jésus, et Emmanuel le 10 juillet à l’abbaye de Frigolet. Ils ont été appelés et ils sont libres. Je les entendrai dire « me voici » à l’appel de leur nom. Lorsque je leur demanderai s’ils veulent être toute leur vie au service du peuple que Dieu a consacré par l’Esprit, ils diront « Oui je le veux ». Au nom du Christ je les consacrerai par l’onction d’huile sainte, et ils appartiendront pour toujours à Dieu, comme prêtres.
Frères et sœurs, c’est tout le sens de cette célébration de bénédiction de l’huile sainte. Nous sommes un peuple que Dieu bénit. Nous sommes un peuple choisi, consacré au Seigneur, relié à lui, pour être un lien sacré entre Dieu et l’humanité, sacrement de l’amour et du salut, serviteurs de Dieu et de l’homme. Nous sommes l’Église sainte que Dieu appelle à témoigner de son éternel amour. Nous appartenons à Dieu. En ce sens, l’année du sacerdoce ne concerne pas seulement les prêtres mais tous les baptisés confirmés. Nous sommes offerts à Dieu. Et si évêques et prêtres ont été marqués par une onction spéciale, c’est pour être serviteurs de cette offrande. Tel est le sens de l’onction de notre ordination.
Frères et sœurs, il y a autour de nous de l’inquiétude. Inquiétude pour l’avenir. Inquiétude et doute. L’humanité saura-t-elle par elle-même vaincre tout le mal qui est en elle ? Elle a du génie, elle invente chaque année de nouvelles techniques pour le progrès de son bien-être et de son confort. Mais saura-t-elle vaincre la violence qui tue, l’égoïsme jaloux, maladies et catastrophes naturelles ? L’humanité est inquiète et elle doute. Et si elle doute , n’est-ce pas parce qu’elle s’est coupée de sa source, elle s’est coupée de Dieu. Notre mission de baptisés, c’est d’être témoins de ce lien d’amour qui nous relie à Dieu pour toujours. Mission des baptisés confirmés, mission des prêtres, mission de ceux qui ont reçu l’onction de l’Esprit. Mission aussi des diacres, ordonnés pour le service, pour dire l’amour préférentiel de Dieu pour les plus pauvres. Mission des religieux et religieuses ; comme leur nom l’indique, ils relient l’humanité à Dieu. Je n’oublie pas nos frères et nos sœurs dont la vocation est la prière dans les communautés contemplatives ; « la prière la plus cachée, la plus enfouie, la plus inconnue de tous est nécessaire à la respiration de l’Église pour qu’elle accueille le choix de Dieu et y réponde » (Jean-Marie Lustiger).
Frères et sœurs, Dieu appelle. Nous voulons être une Église qui appelle, écrivions-nous dans notre lettre pastorale. En cette messe chrismale, je voudrais lancer à nouveau l’invitation à être la voix de l’appel de Dieu. Appelez à devenir disciples du Christ à l’écoute de sa parole, à devenir chrétien par le baptême et la confirmation. Appelez à une vie consacrée, toute entière donnée au Christ dans la vie religieuse. Appelez au ministère de diacre permanent. Appelez à être prêtres ; oui, notre Église diocésaine a besoin de prêtres, et j’invite les communautés et les familles à cultiver l’appel à être prêtre.
Pendant tout ce temps de carême, nous avons remonté le courant vers la source. Un peu comme la truite ou le saumon lorsque l’eau est polluée remonte la rivière à contre courant pour retrouver des eaux pures proches de la source. Pendant cette semaine sainte, nous boirons à la source qui coule du côté transpercé du Christ. Auprès de lui nous apprendrons à aimer, à aimer comme lui. Nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, mère de l’Église. Sainte Marie, mère de l’Église, priez pour nous.
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