L’artiste joaillier Joseph Chaumet, ancêtre de la fameuse bijouterie Chaumet place Vendôme à Paris, consacra dix ans de sa vie à la réalisation d’une œuvre monumentale et précieuse : la Via Vitae entre 1894 et 1904. A cette époque, s’achevait à Paray-le-Monial vers 1893 la construction du musée eucharistique du Hiéron, qui lui sert aujourd’hui d’écrin. Classée Trésor National en 2000, elle a été acquise par la Ville de Paray le Monial.
La Via Vitae est une remarquable pièce d’orfèvrerie réalisée en matériaux précieux : Joseph Chaumet (1852-1928) réhabilite ici l’adage médiéval que rien n’est trop beau pour Dieu en choisissant de nobles matériaux, travaillés jusqu’aux moindres détails.
Or et ivoire composent les cent trente huit figurines représentant les scènes de la vie du Christ, argent doré et cristal de roche forment la Trinité, diamants et rubis figurent l’Eucharistie, tandis que marbres, albâtre et jaspe constituent le socle et les décors de chaque scène.
Pour celui qui n’a jamais admiré cette œuvre, il faut imaginer un monument aux dimensions impressionnantes : trois mètres de hauteur sur trois mètres de largeur et pesant plus de trois tonnes ! Les neuf groupes de figures prennent place sur les pentes d’une montagne constituée de dix huit blocs de marbre, dont certains pèsent trois cents kilogrammes, qu’il a fallu réunir pour la reconstitution de l’œuvre lors de sa restauration au musée du Hiéron en 2003.
Sculptés dans le marbre, le long d’un chemin nous retrouvons les épisodes de la Nativité, Jésus au milieu des docteurs, le Sermon sur la montagne, les Noces de Cana, la Résurrection de Lazare puis la Cène. Le sentier devient plus escarpé et le visiteur contemple alors le Jardin des Oliviers, la Flagellation puis le Calvaire, au centre. En arrière-plan : la Résurrection. Une hostie de diamants, soutenue par les deux figures allégoriques de l’Amour et la Justice, couronne la composition.
La Via Vitae conçue comme un « chef d’œuvre » au sens du compagnonnage, recèle de nombreux symboles cachés. D’après un texte manuscrit de Joseph Chaumet, le roc, (base de la montagne en marbre bleu-gris des Pyrénées et entouré d’albâtre figurant les flots) « représente la matière à travers laquelle circule la vie qui a sa source en Dieu ». Cette dernière est matérialisée par le fleuve qui, sous le Christ ressuscité, jaillit du tombeau ouvert par un ange, « sortant de Dieu sans que l’on puisse pénétrer le mystère de son origine, symbole de la vie, il traverse le tombeau du Christ pour montrer que la mort de Dieu Rédempteur a régénéré ainsi la source de la vie ».
Quelques descriptions des scènes représentées :
La Nativité :
Au-dessus de cet abri incertain, un ange élève une étoile de diamant, annonciatrice de la naissance du Christ.
Les Noces de Cana :
La mariée toute d’or vêtue sur son trône, aux côtés de son époux, assiste a la transformation miraculeuse de l’eau en vin. Détail subtil, l’orfèvre joaillier a inséré quelques grenats dans les jarres pour signifier l’accomplissement du miracle.
L’Agonie au jardin des oliviers : Pierre, Jacques et Jean, au premier plan, se sont endormis. Seul et angoissé, le Christ en prière lève les yeux vers un ange qui apparaît pour le réconforter. Les oliviers sont ici suggérés par des feuillages caractéristiques du style Art Nouveau des années 1900.
Agnés Rousseau-Descourvières
… pour l’anecdote, une arrière-petite-fille de Joseph Chaumet est née à Puyricard, en octobre 1983 : Alix Roquebert, ma fille aînée.
Cordialement,
M R
Je suis très intéressée de savoir qu’il existe une telle oeuvre et que l’on peut la voir au Musée du Hiéron à Paray le Monial. Nous y allons suivre une session en famille tous les étés et nous n’étions jamais allés dans ce Musée.
Ce sera chose faite je l’espère l’été prochain, grâce à vous ! Merci (je vous raconterai…)