Le désert est le pays dénudé de la faim et de la soif, le lieu où l’organisme vit sur ses réserves et entretient le plus souvent des mirages d’eau et de palmiers.
Rien n’y sollicite les sens ou excite l’imagination ordinaire. À perte de vue, l’Infini des plaines de sable ondulé, de rares dunes, des roches de toutes époques – basalte, grès, pierres volcaniques, calcaires.
Le désert est également le pays du vent qui souffle jour et nuit ; rafraîchissant en plein midi ; agressif le plus souvent lorsqu’il se fait tornade et fouette le corps en s’immisçant partout.
Après la chaleur suffocante du jour, le soleil disparaît : le bref crépuscule est repos pour tout l’être.
Le désert, plus que la mer, évoque un infini muet, impossible à combler.
Partir au désert, c’est s’alléger de son poids habituel de contraintes et de pensées, se retirer du monde, essayer de se retirer en soi. Les choses de Dieu y seraient-elles plus naturelles, plus faciles à exprimer ?
Il a fallu quarante jours de désert et de jeûne à Jésus pour décliner aux oreilles de l’Ennemi son identité divine. C’est dans l’affaiblissement de son corps, après un long silence qu’il s’est affirmé Maître et Seigneur, Parole de vérité, à bonne distance de toutes convoitises. L’extrême « rien » de cette parcelle du monde, face au Tout divin, c’est ce que les premiers Pères du Désert, après Saint Antoine, avaient compris.
Pour le touriste en mal de silence et de dépaysement, le désert est un lieu rêvé.
Le spécialiste, géographe ou géologue, lit dans les pierres, à livre ouvert, l’étonnante histoire de la Terre.
Le Chrétien d’aujourd’hui qui n’a pas, comme ses pères de l’Ancienne Alliance, l’expérience décapante de la Présence, connaît bien des « temps de désert », moments constructeurs mais passagers de tout itinéraire. De la plus grande sécheresse, Dieu fera sourdre l’eau vive et refleurir le désert ! (IS 32,15 ; 35,1)
Annick R.
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